L’année dernière, Coyote vous expliquait le fonctionnement de l’A79, première autoroute française sans barrière de péage. Près d’un an après son lancement, ce système de péage en flux libre rencontre déjà quelques problèmes et suscite la colère de plusieurs usagers. Explications.
Mise en service le 4 novembre 2022, l’autoroute sans péage reliant Digoin (Saône-et-Loire) à Sazeret (Allier) propose pour la première fois en France un système « en flux libre » (sans barrière de péage). Pour fonctionner, l’autoroute utilise des portiques avec caméras (installés à plusieurs endroits du tronçon) capables de relever la plaque d’immatriculation du véhicule, ou d’identifier le badge télépéage du conducteur si ce dernier en possède un.
Avec ce système, les automobilistes n’ont donc plus besoin de s’arrêter aux péages pour payer leur trajet : le paiement sera effectué en une seule fois via le mode de paiement privilégié (badge de télépéage, paiement en ligne, bornes spécifiques situées sur les aires de repos de l’autoroute).
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Le système de péage en flux libre est utilisé avec succès dans plusieurs pays européens. En France, la seule autoroute qui utilise actuellement ce dispositif est déjà sous le feu des critiques : des centaines de milliers de dossiers impayés se sont en effet accumulés depuis la mise en place du premier segment d’autoroute sans péage. La cause du problème selon les automobilistes ? Le manque d’information concernant le fonctionnement du système, ainsi que la difficulté à régler les frais de passage.
Les détracteurs de l’autoroute en flux libre parlent déjà d’un véritable fiasco. Il faut dire que l’A79 a accumulé plus de 180 000 impayés depuis son lancement, sans compter 80 000 dossiers de pénalité en cours, et 600 000 courriers « pédagogiques » envoyés aux conducteurs qui ne se sont pas acquittés de leur frais de passage. Un problème qui a forcé le gestionnaire de l’autoroute (Aliae, filiale d’APRR) à mettre en place une cellule de crise constituée de 25 personnes travaillant à temps plein.
Comme mentionné plus haut, les nombreux cas d’impayés ne seraient pas dus à la malhonnêteté des usagers de l’autoroute (pour la plupart). La principale raison serait plutôt à chercher du côté du manque d’informations mises à la disposition des automobilistes au moment de circuler sur les tronçons fonctionnant en flux libre. En effet, un seul panneau fournissait jusqu’à présent les indications à connaître pour payer, et prévenait qu’une autoroute en flux libre n’est PAS un système gratuit.
Comme le souligne Guillaume Hérent, directeur général d’Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR), les problèmes d’impayés ne concernent d’ailleurs pas les usagers qui utilisent un badge de télépéage (puisque le paiement se fait automatiquement). Pour ceux, en revanche, qui ne possèdent pas le badge, le paiement (en ligne ou aux bornes situées sur les aires d’autoroute) a semblé plus complexe à comprendre. Résultat : ils se sont vu infliger une amende de 90 euros après quelques jours. L’association 40 millions d’automobilistes a notamment enregistré des centaines de témoignages faisant état du manque d’informations et de connaissances quant au fonctionnement du système.
Si le directeur général d’Autoroutes Paris-Rhin-Rhône (APRR) a affirmé au Parisien que le gestionnaire n’était pas « resté sourd aux critiques », il préfère toutefois relativiser la situation actuelle, rappelant que sur 8 millions de trajets enregistrés en un an sur l’A79, « les litiges ne concernent que 5 % des utilisateurs ». Dès 2024, les usagers de la première autoroute en flux libre pourront d’ailleurs bénéficier d’un moyen de paiement supplémentaire (règlement du trajet auprès des commerçants locaux partenaires) ; par ailleurs, la « signalétique aurait été renforcée », toujours selon Guillaume Hérent.
Quoi qu’il en soit, la généralisation du système d’autoroute sans péages en France n’a pas été remise en question. Comme prévu, des portiques seront installés dès l’année prochaine sur l’A13 et l’A14.
Lysimaque
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