Obligatoires dans certaines régions depuis le 1er novembre, les pneus hiver peinent à s’imposer. Autorisés également dans ces zones, les pneus quatre saisons leur dament le pion.
Certaines réglementations ne sont pas respectées faute de sanctions prévues dans les textes. Pour les pneumatiques, les textes obligent à équiper certains véhicules de pneus hiver lorsque la saison le justifie mais aucun décret ne fixe les pénalités encourues en cas de non-respect.
Le code de la route a été modifié pour imposer les pneus hiver et un article de la loi Montagne de 2019 précise les conditions d’application du texte. L’obligation court du 1er novembre au 31 mars et concerne les zones dites blanches. Ces régions montagneuses comptent les Alpes, la Corse, le Massif central, le Massif jurassien, les Pyrénées et le Massif vosgien. Par arrêté et après avis d’un comité du massif, le préfet fixe la liste des communes concernées. De nouveaux panneaux de signalisation ont été spécialement créés pour signaler l’entrée et la sortie de la zone d’obligation. Les pneus hiver autorisés doivent porter le marquage 3PMSF quand ceux arborant le seul logo M+S ne seront plus acceptés au-delà du 31 mars 2024.
Si à ce jour aucune sanction n’est prévue en cas de non-respect de la loi, le pneu hiver revêt de multiples qualités et trouvent une pleine légitimité en dehors des zones de montagne.
En France, les pneus hiver sont souvent confondus avec les pneus neige et, par conséquent, associés à la conduite en montagne. Rien n’est plus faux. Les pneus hiver ont de meilleures performances dès que la température passe au-dessous des 7°. Sous ce seuil s’opère la transition vitreuse -passage du caoutchouc élastique au verre-, et les performances des pneumatiques été sont dégradées. C’est le mélange de gomme des pneus hiver qui va faire la différence en préservant leur souplesse.
Autre spécificité du pneu hiver, sa bande de roulement arbore des rainures plus larges et plus profonde et un réseau plus dense de canaux pour éliminer rapidement l’eau et la neige fondue. Le pneu hiver compte également des lamelles en plus grand nombre pour accrocher le revêtement routier. Selon Michelin, sur route mouillée, à une température de + 5° et à une vitesse de 80 km/h, la distance de freinage d’un véhicule équipé de pneus hiver est inférieur de 4 mètres à celle d’un véhicule équipé de pneus été. Sur une chaussée enneigée et à 50 km/h la différence atteint 30 mètres.
L’obligation de chausser des pneus hiver n’étant pas encore assortie de contraventions, le pneu hiver n’a pas vraiment la cote auprès des automobilistes. En 2022, ses ventes ont baissé de 24,7 %. La vente de ces pneumatiques souffre également des températures hivernales élevées des dernières années. Grandes gagnantes de ce recul, les enveloppes quatre saisons s’adjugent 27 % des ventes et peuvent espérer atteindre les 30 % à court terme. Leurs volumes ont progressé de 20,5 % en 2022 après plusieurs années de croissance.
Un pneu quatre saison reprend le dessin d’un pneu hiver mais sa gomme s’apparente à celle d’un pneu été. Si les pneus quatre saisons n’apportent pas le même niveau de sécurité que des équipements exclusivement dédiés aux conditions hivernales, ils permettent de réaliser des économies. En l’adoptant, l’automobiliste s’affranchit des pneus été et hiver et peut rouler toute l’année avec les mêmes enveloppes. Les économies réalisées sur les opérations de permutation et le gardiennage permettent de contrebalancer le surcoût du pneu quatre saison qui est évalué à 15 % par les distributeurs. Seulement, pour ces spécialistes, face au duo été-hiver, l’usure est plus rapide et les consommations de carburant sont légèrement plus élevées.
Si l’automobiliste choisit de rouler avec des pneus été et hiver, le stockage des pneus non utilisés doit respecter certaines règles pour renforcer leur longévité. Les pneus montés sur jante doivent être empilés à l’horizontale ou suspendus. A contrario, il faut éviter de stocker un pneu démonté à l’horizontale et préférer un stockage à la verticale. Pour réduire les risques de déformation et préserver la bande de roulement, les enveloppes doivent être tournées tous les mois.
Seul point de contact entre le véhicule et la route, le pneumatique s’avère essentielle à la sécurité routière. La voiture s’appuie sur la route à travers l’équivalent de la surface de quatre cartes postales. Selon la Ligue de défense des conducteurs, « le mauvais état des pneumatiques est responsable de 6 % des accidents mortels en Europe chaque année. » Ce chiffre atteindrait 9 % sur autoroute avec une pointe à 15 % l’été quand les pneus supportent des températures plus fortes. L’assureur MMA estime à 153 000 le nombre annuel d’accidents provoqués par des pneus détériorés ou sous-gonflés.
Prépondérante pour la sécurité du véhicule, la pression des pneumatiques influe également sur les coûts d’utilisation. Une enveloppe sous-gonflée entraîne une usure prématurée. Selon les chiffres des manufacturiers, si la pression est inférieure de 20 % aux préconisations, soit un sous-gonflage de 0,5 bar, la durée de vie du pneu sera amputée de 20 %. Quant aux consommations de carburant, elles vont augmenter de 2 à 3 %. Selon les professionnels, au bout de deux ans et 120 000 kilomètres, la facture augmente de 698 euros.
Le Syndicat du pneu recommande de vérifier la pression à froid. Les enveloppes ne doivent pas avoir roulé depuis deux heures ou avoir parcouru moins de deux à trois kilomètres à une allure modérée comme c’est le cas dans un environnement urbain. Lorsque le pneu est utilisé, il subit des contraintes physiques élevées et voit sa pression et sa température augmenter. Lorsque le véhicule a parcouru un certain nombre de kilomètres et lorsque ses pneus ont monté en température, il faut rajouter 0,3 bar à la pression préconisée à froid.
Un examen visuel régulier des pneumatiques permet également de renforcer la sécurité du véhicule et de ses occupants et de limiter les frais d’entretien et de réparation. Les jantes influent sur la bonne santé du véhicule et des pneus. Elles ne doivent pas être voilées ou bosselées. Vérifier le flanc et la bande de roulement permet d’identifier une usure prématurée, symptôme de défauts de géométrie ou de défaillance des amortisseurs.
Détails d’importance, garants de l’étanchéité du pneu, l’obus de la valve et le bouchon doivent être contrôlés régulièrement. Les manufacturiers conseillent de changer de valve à chaque remplacement de pneu. Autre recommandation des professionnels, monter des jantes en alu avec des valves vissées améliore l’étanchéité.
Au-delà de ces bonnes pratiques, le style de conduite joue un rôle prépondérant sur la durée de vie des pneumatiques. Dans certaines conditions et comparée à un comportement brusque, une conduite apaisée permet de multiplier par six la longévité du pneu. Autre bénéfice, l’éco-conduite permet de réduire les risques d’accident. Un argument prioritaire…
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Raoul CELLI