Alors que le parlement avait déjà validé la proposition de loi rendant obligatoire le contrôle technique pour les deux-roues motorisés et que tout indiquait que la mesure allait entrer en vigueur début 2022, la colère des motards semble avoir été entendue par le ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari. Ce dernier a présenté des mesures alternatives qui devraient être mises en place début 2023 !
Depuis 2014, l’Union Européenne exige la mise en place d’un contrôle technique pour les deux-roues et les trois-roues motorisés. À noter, la plupart des pays membres l’ont déjà rendu obligatoire. En revanche, certains pays comme les Pays-Bas, la Finlande ou encore l’Irlande ont déjà opté pour des mesures alternatives.
Le saviez-vous ? Le contrôle technique obligatoire a pour objectif de réduire le nombre d’accidents de la route mais ce projet de loi est très contesté par les motards. Le principal argument du parlement européen est celui de la sécurité routière. En effet, les chiffres concernant le nombre d’accidents de la route restent trop élevés et les conducteurs de deux-roues et de trois-roues font partie des plus vulnérables.
On compte aujourd’hui plus de 3 millions de deux-roues motorisés en France et ce chiffre devrait continuer d’augmenter avec les efforts de fluidification du trafic urbain.
Parmi les différentes fédérations de motards, on trouve notamment la Fédération Française des Motards en Colère (FFMC) qui a mené le mouvement de contestation et les manifestations contre ce projet de loi.
La FFMC dénonce les faits utilisés par le parlement pour prouver l’utilité de cette mesure et affirme que « les accidents de moto causés par des défauts techniques sont inférieurs à 1% et que ces défauts seraient à peine décelables par le contrôle technique. » D’après eux, cette mesure n’est qu’une taxe supplémentaire qui ne changera rien à la sécurité de ses utilisateurs.
Sébastien Poirier, président de la Fédération Française de Motocyclisme, affirme que « le deux-roues motorisé est une solution qu’il faut plutôt encadrer, accompagner. La fluidification du trafic dans les villes passera par le deux-roues motorisé. »
Afin d’éviter d’être contraint de rendre le contrôle technique obligatoire, la France propose différentes alternatives telles que la mise en place d’une prime à la conversion en faveur de l’achat de véhicules moins polluants ou encore l’installation de radars antibruit.
Cependant, ces mesures prévues courant 2023 ne font toujours pas l’unanimité. En effet, la prime à la conversion constitue un premier effort en faveur de la transition écologique. Toutefois, la question des dangers liés à de potentiels défauts techniques mise en avant par le parlement européen n’est pas prise en compte par ces propositions. De plus, pour certaines associations, cette prime à la conversion ne devrait s’appliquer que pour l’achat de véhicules électriques (scooters, trottinettes et vélos) et non pas encourager l’achat du thermique.
Frank-Olivier Torro, le président de l’association « Ras le scoot », est de cet avis : « On comprend mal pourquoi l’État, non seulement n’arrête pas le thermique mais, au contraire, le subventionne. Cette prime de 6 000€ devrait servir à financer des modes de transport plus respectueux de l’environnement, comme des scooters électriques, ou encore des trottinettes et vélos électriques. »
En revanche, les radars antibruit mettent d’accord l’ensemble des concernés ! Les nuisances sonores se sont multipliées dernièrement avec l’augmentation du nombre de pots d’échappement non-homologués. Cette modification visant à gagner en vitesse rend les véhicules bien plus bruyants que la norme.
Vous l’aurez compris, si le contrôle technique obligatoire a bel et bien été repoussé, la question de l’encadrement des deux-roues par la loi n’est pas réglée pour autant… Affaire à suivre.
François THOMAS
Denis
GIBERT