Semi-conducteur : où en est la pénurie au niveau mondial ?

Le marché automobile mondial connaît depuis 2020 une pénurie de semi-conducteurs sans précédent. Cette année, la situation semble encore loin d’être derrière nous : en 2023, ce sont 2,8 millions de véhicules qui ne pourront pas être fabriqués dans le monde. Coyote fait le point.

Pénurie de semi-conducteurs : retour sur les faits

La pénurie de semi-conducteurs qui touche l’industrie automobile a débuté fin 2020. Initialement, ce sont les conséquences de la crise sanitaire liée au Covid-19 (en premier lieu la fermeture des usines) qui ont perturbé la chaîne de production et d’approvisionnement des pièces : la demande devient alors beaucoup plus forte que l’offre, entraînant inévitablement une augmentation du prix des véhicules neufs.

Rapidement, le problème prend une dimension mondiale en raison du fonctionnement du secteur, qui est totalement interdépendant : une entreprise spécialisée dans la fabrication de semi-conducteurs peut par exemple avoir besoin de 16 000 fournisseurs implantés dans différents pays pour produire ses pièces. Une situation qui rend la production particulièrement vulnérable face aux crises géopolitiques.

Qu’est-ce qu’un semi-conducteur ?

Les semi-conducteurs sont des matériaux utilisés pour la fabrication de micro-puces électroniques (ou microprocesseurs). Ces puces permettent elles-mêmes de fabriquer des produits numériques que l’on retrouve aujourd’hui dans de très nombreux secteurs, dont le domaine automobile.

Qu’en est-il de la pénurie de microprocesseurs en 2023 ?

Malgré la fin de la pandémie, les professionnels sont actuellement toujours confrontés aux conséquences de la pénurie. Les constructeurs automobiles européens, notamment, sont directement impactés par des retards de livraison. Ce qui est logique, puisque Taiwan assure aujourd’hui 90 % de la production mondiale des puces électroniques (actuellement, la part de l’Union Européenne dans la capacité de production est inférieure à 10 %).

Mais c’est bien toute l’industrie mondiale qui fait les frais de la situation : comme mentionné précédemment, le manque de puces électroniques va empêcher les fabricants automobiles de produire près de 2,8 millions de véhicules en 2023. Par ailleurs, l’Association européenne de l’industrie des semi-conducteurs (ESIA) a récemment estimé que le marché mondial des puces électroniques connaîtrait cette année une baisse de 4,1 %. 

Pourquoi la pénurie continue ?

Plusieurs événements peuvent expliquer que la crise a perduré. Tout d’abord, les effets de la pandémie se sont fait ressentir jusqu’à récemment sur la production. De plus, la guerre en Ukraine a suscité de nouvelles craintes chez les fabricants en 2022, et de nombreux incidents (incendie, sécheresse) sont venus impacter les usines de fabrication des microprocesseurs (une nouvelle usine de fabrication ne peut être construite qu’en deux ou trois ans minimum). Des circonstances qui empêchent donc actuellement la pénurie de semi-conducteurs de se résorber.

Quelles sont les conséquences de la pénurie pour les acheteurs ?

La pénurie de puces électroniques provoque logiquement des retards de livraison qui impactent directement la clientèle de l’industrie automobile. En France, les personnes qui commandent actuellement un véhicule neuf doivent attendre plusieurs mois pour recevoir leur voiture. Si le délai d’attente peut différer selon les modèles (environ 60 jours pour une Peugeot 208, 4 mois pour une Dacia Sandero), il n’est aujourd’hui pas rare de recevoir sa commande plus de 6 mois après son achat.

Quelles sont les solutions à la crise des microprocesseurs en Europe ?

Consciente de sa dépendance vis-à-vis de l’Asie (en particulier de Taiwan et de la Corée), l’Europe souhaite augmenter la production de puces électroniques haut de gamme sur son territoire. Les députés européens ont notamment le projet de faire construire une usine de fabrication en Allemagne (qui serait dirigée par l’entreprise taiwanaise TMSC). Par ailleurs, le fabricant américain de puces Wolfspeed pourrait également créer en Europe un site de fabrication et un laboratoire d’innovation.

Cependant, d’après plusieurs experts, ces projets devraient mettre 4 ou 5 ans à se concrétiser. Des solutions qui ne laissent donc rien présager de bon cette année pour l’industrie automobile européenne.

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