Personne n’a encore vu, en 2019, une voiture 100 % autonome rouler sur les routes hexagonales. Et pour cause : elles ne sont pas encore autorisées. Seules celles de niveau 1 (régulateur de vitesse adaptatif et assistance au maintien dans la voie) et de niveau 2 (niveau 1 assorti d’un système de dépassement autorisé et d’une aide au stationnement) sont légales. Pourtant, le président Macron l’a annoncé au dernier Mondial de l’Automobile, à Paris : les voitures autonomes de niveau 3 (conduite autonome limitée) et 4 (conduite autonome complète mais sous conditions) seront autorisées, en France, à partir de 2022.
On imagine bien, en effet, les atouts que représente la voiture autonome : une sécurité accrue, un confort maximal pour le conducteur ou encore un trafic fluidifié grâce aux données de circulation collectées. La voiture autonome serait aussi une solution pour ceux qui ne possèdent pas le permis ou ne sont pas en état de conduire (ivresse, fatigue, etc.) Encore faut-il que les constructeurs automobiles suivent. En effet, il y a encore trois ans, Ford et BMW nous promettaient une voiture entièrement autonome pour 2021, Renault pour 2023 et Honda pour 2025.
Or, si les constructeurs ont beaucoup progressé ces dernières années, on est encore loin du tout autonome. Aujourd’hui, les modèles les plus avancés peuvent rouler seuls sur l’autoroute (à condition de garder les mains sur le volant, pour des raisons de législation). Elles sont également en mesure d’effectuer des manœuvres sur un parking grâce à une simple pression sur un bouton. Cependant, les deadlines avancées par les constructeurs semblent bien ambitieuses, et les voitures autonomes rencontrent encore bon nombre de difficultés avant de pouvoir être commercialisées.
En effet, ces voitures censées révolutionner le milieu de l’automobile semblent encore bien peu à l’aise dans des situations de conduite complexes, comme lors d’un manque de signalisation au sol ou lorsque les véhicules trop proches les uns des autres et s’intercalent entre les files.
Le problème est le suivant : si l’ordinateur central peut gérer des situations simples, il s’avère vite dépassé dans des situations plus compliquées. Un problème technologique qui s’explique par le fait que les voitures autonomes doivent être connectées à l’extérieur. Or s’il y a une coupure des systèmes de pilotage ou de localisation à distance, elles perdent leurs repères. Il faut alors élaborer un programme qui garantit l’arrêt du véhicule en toute sécurité, car l’humain serait trop lent à réagir – on estime son temps de réaction pour reprendre les commandes à 4 secondes.
Autre problème lié à ces connexions extérieures, le risque de piratage. En effet, cette ouverture sur l’extérieur offre une porte d’entrée aux pirates, susceptibles de prendre à distance le contrôle d’un véhicule, avec les conséquences désastreuses que l’on peut imaginer…
Dernier frein au développement des voitures autonomes : leur coût pour les constructeurs. Avec les dernières réglementations, les normes concernant les émissions de gaz carbonique sont draconiennes. Les constructeurs doivent donc effectuer des investissements colossaux pour réussir à concevoir des voitures autonomes à la fois performantes et… légales.
Car au-delà des problèmes technologiques, se greffe une question juridique : qui serait responsable en cas d’accident ? Est-ce le constructeur qui endosserait la responsabilité (par exemple en cas de défaillance du véhicule) ou le conducteur, qui n’aurait pas su reprendre les commandes à temps ? Autant de questions sur lesquelles constructeurs et pouvoirs publics doivent se pencher sérieusement si la voiture autonome veut vraiment avoir un avenir.
Crédit image : Nicolas Duprey
Patrick MALVERT
LLD
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